Mesure, incertitude et dépassement


Communication

Contributeurs:

État de publication: publié

Type de présentation: Communication

Nom de la rencontre: Journée Universitaire de Pédagogie (JUP)

Lieu: En ligne

URL: https://cdp.univ-nantes.fr/partager-des-initiatives/jup/e-jup-revivez-le-programme

Résumé: Nos pratiques professionnelles, personnelles et privées sont des construits issus d’un héritage culturel, social, proposant un ensemble de repères connus et reconnus, expression d’une identité élaborée dans de multiples processus individuels et collectifs, desquels émanent nos actes du quotidien. Dans ce contexte d’apparente stabilité, les organisations et les acteurs agissent selon des rationalités établies, contrôlées et contrôlantes, selon un cadre conteneur et contenant (Kaës) qui est un déjà-là, structuré et structurant, quand bien même nous pouvons avoir le désir d’agir sur son évolution. Le donné l’emporte sur le construit, la forme préexiste à l’action. Dans ce contexte d’apparente stabilité, ou de stabilité conquise sur le monde, où l’incertitude est calculée, mathématisée, algorithmisée, où l’ordre apparent est réglé par un ensemble de mesures elles-mêmes mesurables, la continuité apparait comme un principe organisateur collectivement reconnu, structurant nos espaces-temps sociaux, parfois de manière subconsciente. Et puis, cet inconnu qui apparait lointain, épisodique, se rapproche de nos quotidiens pour en perturber profondément les rythmes et les rites. Dès lors, nos repères perdent de leur opérationnalité structurante, nous convoquant dans nos capacités à prendre la mesure de ce qui se passe dans notre quotidien bousculé sans avoir tous les repères nécessaires pour observer, interpréter et comprendre ce qui est en train d’advenir. Nous sommes comme désynchronisés tant dans nos vies personnelles que professionnelles, pris dans un chaos spatio-temporel, démunis par rapport à ce qui parait démesuré, indéterminé, hors de contrôle. Passé le temps de la crise, s’ouvre le temps de la transition qui invite notamment les acteurs de l’enseignement, qu’ils soient en charge de la gouvernance, des pratiques pédagogiques à repenser leurs paradigmes axiologiques (finalités) et praxéologiques (dispositifs, outils et ressources) pour redéfinir des modalités d’un processus éducatif qui dépasse les rationalités habituelles des organisations. Plus que jamais, ce dépassement ne peut relever que d’une dynamique co-construite, résultante d’une agentivité collective impliquant l’ensemble des acteurs des communautés éducatives (apprenants compris) qui participe pleinement à l’élaboration et à la mise en œuvre de pratiques qui tiennent compte de cette incertitude, de cet inconnu, conduisant au dépassement des habitus, à la redéfinition de routines du quotidien et de l’expérience d’enseignement et d’apprentissage. Pour ce faire, nous sommes invités à reconsidérer la mesure de nos espaces-temps, à faire une certaine éloge de la lenteur (Honoré, 2014), à montrer de l’indulgence, à réinstaller nos pratiques dans une temporalité davantage autodéterminée, choisie, pour retrouver un équilibre spatio-temporel qui nous permette de poursuivre notre développement en tant que sujet social dans un monde aux repères incertains. Cette contribution propose de discuter de la question suivante : comment prendre la mesure des incertitudes du quotidien pour dépasser nos repères actuels et redéfinir l’expérience d’enseignement et d’apprentissage ?