Modèles, méthodes


 

 

 

 

 

 

 

PÉRISCAR: Rencontres internationales sur les applications en contexte de la théorie de l'activité

  1. Description de l’évènement  

Le réseau PÉRISCOPE (Plateforme d’Échange, de Recherche et d’Intervention sur la SCOlarité: Persévérance et RéussitE) a voulu profiter de la venue à Québec de chercheurs[1] réputés en théorie de l’activité, à la fin août 2017 et lors du congrès de l’International Society for Cultural-historical Activity Research (ISCAR 2017) qui accueillait nombre de congressistes d’un grand nombre de pays, pour organiser des rencontres-ateliers. Ont participé à ces rencontres-ateliers différents acteurs, dont des chercheurs nationaux et internationaux, des étudiants et des acteurs du monde de l’éducation associés aux publics cibles de la démarche. Ces publics cibles sont des praticiens des secteurs public, privé et sans but lucratif, soit des enseignants, des fonctionnaires, des administrateurs scolaires, des agents de liaison, des parents, des professionnels, des intervenants communautaires, des conseillers pédagogiques et des bénévoles.  

Ce qui a réuni ces acteurs, c’est leur préoccupation et leur activité concernant la persévérance et la réussite scolaire et éducative (PRS). Le Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), en collaboration avec le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ), s'est chargé de l’organisation de ces rencontres-ateliers. Elles furent de nature restreinte (maximum 28 personnes) afin de maximiser, partant de la théorie historico-culturelle de l’activité, la mobilisation des connaissances par la discussion en profondeur de cas concrets et la réalisation d’activités pratiques.

La théorie de l’activité historico-culturelle (Cultural Historical Activity Theory, CHAT) remonte au début du XXe siècle avec les travaux de Vygotsky (1978), chercheur russe qui a relevé le défi de proposer une nouvelle façon de comprendre le développement humain en incluant les dimensions sociale et culturelle dans les études psychologiques. Par la suite, les travaux de Leontiev (1978) ont élargi l’étude de l’activité à celle de groupes et d’organisations. En 1978, ces deux premières générations de la théorie de l’activité ont été traduites en anglais et, depuis, cette théorie prend de l’importance dans la recherche en sciences humaines et sociales sur la scène internationale. Par exemple, ce que l’on nomme les nouvelles sciences de l’apprentissage en sont profondément influencées – voir l’International Society of the Learning Sciences (ISLS) et les conférences biennales du Computer-supported collaborative Learning (CSCL). En 1987, Engeström publiait la troisième génération de la théorie de l’activité, et cette publication vient d’être rééditée (Engeström, 1987, 2014). De plus, la quatrième génération est en route. Cette théorie a des applications méthodologiques et interventionnistes multisectorielles d’envergure, notamment en sciences de l’administration, de la santé et de l’éducation (Learning by Expanding, cité 8 074 fois selon Google Scholar). Différents modèles issus de la CHAT (Campione, Metz, & Sullivan-Palincsar, 2007; Laferrière, 2005) gagnent en popularité, entre autres dans le monde de l’éducation, celui de la communauté d’apprentissage et celui de la communauté de pratique, ainsi que des méthodes comme le laboratoire du changement, la « double stimulation » et les systèmes d’analyse de l’activité. Ce sont des modèles et des méthodes qui reposent sur l’agentivité des personnes qui décident, interviennent ou apprennent.

La capacité d’agir (agentivité/agency) est centrale pour l’étude de la participation/ mobilisation en matière de PRS, le thème fédérateur pour les chercheurs et partenaires du réseau. Ces acteurs agissent sur la structuration de la situation éducative ainsi que sur les conditions d’apprentissage ambiantes et, en conséquence, sur le sens que les apprenants donnent à leur expérience éducative formelle. La participation consiste à prendre part, à divers niveaux, à des activités institutionnelles – à un tout plus grand que soi (Sfard, 1998; Wenger, 1998) – alors que la mobilisation fait référence à l’engagement de l’acteur qui, en fonction de sa compréhension de la situation, compose avec les contraintes de son environnement tout en tirant partie des ressources humaines, matérielles et numériques disponibles (« attunement to constraints and affordances », Greeno, 1998). Précisons que l’État québécois confie à l’école, par la loi de l’Instruction publique, la mission de former les citoyens en les instruisant, en les socialisant et en les qualifiant, ce qui témoigne de l’importance accordée à la persévérance et à la réussite scolaire.

La compréhension des enjeux institutionnels, administratifs, sociocognitifs, éthiques et affectifs associés à la PRS pose encore problème malgré les efforts de recherche et d’intervention déployés au Québec depuis des décennies. Cela tient en partie à l’évolution rapide de nos sociétés, sous l’influence des technosciences, du déploiement du numérique, des modes de gestion de l’éducation ou des exigences montantes du marché du travail. Dans ce contexte général, les thèmes et objets mêmes de recherche ont aujourd’hui un caractère fluctuant, interdisciplinaire et multiréférentiel en raison surtout de la variété des facteurs propres aux cultures locales et à la diversification des cohortes d’élèves et d’étudiants. Cela implique donc de mener des activités de recherche et d’intervention de façon plus concertée, plus connectée aux réalités concernées et plus cohérente dans le cadre d’une voie « réseau ». C’est ce qui fait la mission du réseau PÉRISCOPE.  

Lors du congrès ISCAR, les chercheurs qui coanimeront l’événement PÉRISCAR interviendront, même s’ils sont à Québec, dans la langue d'usage du congrès, soit en anglais, comme ce fut le cas précédemment à Séville (2005), à San Diego (2008), à Rome (2011) et à Sydney (2014). Des chercheurs internationaux ayant exprimé leur curiosité face aux applications de la CHAT en contexte québécois, l’évènement PÉRISCAR leur permettra de discuter avec des personnes des milieux de pratique ainsi qu'avec des chercheurs locaux. C’est dire que les rencontres-ateliers « PÉRISCAR » se concentreront sur la spécificité du milieu de l'éducation au Québec, dans ses recherches et ses pratiques. Cet évènement sera donc l’occasion d’échanges, à être conduits sur le campus de l’Université Laval ou, exceptionnellement, sur un autre campus universitaire, qui profiteront à toutes les parties. Huit chercheurs de réputation internationale sont invités (M. Fleer, B. Rogoff, Y. Engeström, B. A. Sannino, É. Wenger, A. Stetsenko, W. Penuel et J. Vadeboncoeur). L’état des pourparlers actuels avec ces conférenciers nous permet de confirmer la participation de la grande majorité d’entre eux.  

 

2. La documentation pertinente à chacune des activités PÉRISCAR est accessible en suivant ce lien.

 


[1] La forme masculine est utilisée ici à titre épicène et désigne les personnes des deux genres.