Panel quatre sur les inégalités/iniquités de participation en classe et à la maison au temps de la Covid-19 : Solo ou Collabo ?


Le 25 juin 2020 s’est déroulé le quatrième des Panels en réseau portant sur les inégalités/iniquités de participation au temps de la Covid-19, croissantes ou émergentes, notamment quant aux décisions prises au Québec pour assurer la continuité de l’éducation formelle. Ainsi les panélistes invités – la professeure Nancy Granger (USherbrooke), l’enseignante de 2e année Josée Guillot (Birchwood Elementary School), la directrice d’école Dominique Daoust (Birchwood Elementary School et le doctorant Michel Lacasse (ULaval) – discutent à savoir la forme que leur participation a prise en ce temps de pandémie. Était-ce solo ou collabo?

 

Premièrement, Mme Granger souligne que les acteurs scolaires ont d’abord eu besoin de temps avant de collaborer pour prendre conscience de la situation. Avec du recul, ils et elles ont toutefois constaté la nécessité d’avoir des partenariats pour avancer afin de créer le quelque chose de différent qui s’imposait. Par conséquent, des projets de collaboration antérieurs ont pu renaitre. D’autres initiatives ont également réussi (p. ex. co-enseigner par le web, revoir les pratiques filmées). Ensemble, on est plus fort.

Deuxièmement, Mme Guillot reconnait qu’il a fallu un temps d’adaptation pour toute sa classe. Bien qu’elle était connectée à distance avec ses élèves, l’enseignante devait restaurer le lien affectif avec et entre eux pour ensuite répondre aux objectifs pédagogiques. Dès lors, Mme Guillot a collaboré avec ses collègues afin de surmonter ce défi dans chacune de leurs classes. Pour ce faire, leur communauté a établi des objectifs communs clairs et a mis en place des classes virtuelles comprenant des outils pour rejoindre les élèves de façon synchrone et asynchrone. Somme toute, travailler en collaboration requiert d’avoir une visée claire et commune, de suivre une méthode simple et de respecter le style d’enseignement de chacun. 

Troisièmement, Mme Daoust soulève l’importance de maintenir un bon lien social avec le personnel de l’école, ce qui a favorisé la division de la tâche quant à la préparation de la réouverture des classes (à distance). C’est d’ailleurs le lendemain de l’annonce de la fermeture physique des établissements que la direction a proposé un plan d’action. Les lead-learners, qui étaient plus expérimentés avec l’enseignement à distance, devenaient les mentors des autres enseignant·e·s. Le succès du plan d’action s’explique aussi par une répartition des séquences selon le niveau (1er, 2e, 3e, etc.) où chacun faisait une sélection des savoirs essentiels. D’ailleurs, le travail en séquence soutenait l’inclusion scolaire de tous les élèves. Certes, rien n’aurait été possible sans les efforts de tout le personnel de l’école.

Quatrièmement, M. Lacasse propose d’analyser la collaboration à travers un modèle écosystémique qui situe l’élève au centre du modèle tout en intégrant la technologie comme intermédiaire. Or, la collaboration renvoie ici à une valeur qui est véhiculée dans l’entourage éducatif. Sa force accroit ou décroit selon le contexte et, entre autres, selon l’importance accordée aux éléments présents dans la situation (p. ex. l’autonomie professionnelle, le financement, le cadre scolaire, le pouvoir décisionnel, etc.). Par conséquent, la collaboration est un indicateur multifactoriel très complexe. De plus, M. Lacasse rappelle que la collaboration est un moyen qui sert une autre fin (p. ex. la réussite scolaire). C’est pourquoi il affirme que les deux (solo ou collabo?) sont viables. Cela dit, il considère que la collaboration demeure capitale pour l’évolution des pratiques, même si elle demande plus d’efforts. 

Finalement, voici quelques points saillants repérés lors de la discussion:

  • Lorsque les élèves sont habitués à travailler en équipe, organiser le travail en classe par petits groupes (homogène ou hétérogène selon la matière) devient bénéfique pour optimiser l’enseignement à distance selon Mme Guillot. Cependant, la collaboration des élèves en petit groupe a ses limites chez les jeunes en difficulté, parce qu’ils demandent un accompagnement plus individualisé. Ces derniers ont en revanche besoin de vivre en groupe, le lien affectif leur importe. 
  • Enseigner à distance, c’est également de rassurer, d’accompagner et de soutenir tous les apprenant·e·s. 
  • La rapidité du contact et leurs fréquences renforcent le lien entre l’élève et l’enseignant·e. 
  • Des enseignant·e·s ressources agissaient comme support aux classes en ligne. Par exemple, une enseignait les mathématiques à ses élèves du secondaire alors que l’autre participait au clavardage de sorte à mieux rejoindre les élèves moins proactifs. Leur nouveau rôle ouvre des portes à d’autres intervenant·e·s. 
  • Une classe sur le web offre une multitude de services à travers différents canaux (p. ex. quiz, chat) pour soutenir la réussite de tous les élèves. 
  • Des enseignant·e·s ont entrevu l’intéressante possibilité du co-enseignement. 
  • L’organisation par niveau des sous-groupes proposée par la direction du Birchwood Elementary Schoolfavorisait le travail commun du personnel de l’école. 
  • Convoquer le personnel d’une école pour savoir qui veut davantage s’impliquer dans des projets communs où chaque membre gagne quelque chose est une démarche souhaitable. Cette implication renvoie à l’idée de prendre part à un projet plus grand que soi et dans lequel notre contribution n’est pas diluée. D’ailleurs, il y a eu une situation semblable avec les conseiller·e·s pédagogiques.
  • Les webinaires peuvent servir de lieu pour la prise de décisions. 
  • Cultiver un leadership partagé constitue une voie prometteuse. 
  • Il est encore plus important de s’approcher des gens prêts à collaborer au projet commun que d’identifier ceux qui adhèrent seulement à la vision du projet. 
  • Un bon leadership se doit de catalyser les forces de chacun pour atteindre l’objectif de tous. Il doit aussi créer un espace pour rejoindre rapidement les concernés.

En définitive, bien que beaucoup de craintes persistent eu égard aux changements en cours d’une part, et que les prochaines mesures requièrent des ressources (du temps et du financement) d’autre part, la culture organisationnelle a tout à gagner à diversifier ses moyens de rejoindre les élèves (tous n’ont pas accès à Internet), à dialoguer avec les différents groupes et à prendre le temps de réfléchir sur ses pratiques actuelles ainsi qu’aux difficultés que la Covid-19 a exacerbées.

 

Rédaction : Pier-Luc Jolicoeur et alexandra-marcela.espin-espinoza.1@ulaval.ca

 

Le tutorat par les pairs, une voie alternative

Le tutorat par les pairs est un dispositif complémentaire pour soutenir les apprentissages des élèves, en place depuis le XIXe siècle. Des élèves ayant maîtrisé un contenu aident leurs pairs, bénéficiant ainsi tous deux du processus : le tutoré développe ses connaissances, et le tuteur consolide les siennes. Ce dispositif flexible et peu coûteux peut contribuer à réduire les inégalités et à améliorer la motivation, la littératie, la numératie et les compétences socioaffectives. Pour être efficace, le tutorat doit s’inscrire dans la durée, se faire en petits groupes ou en individuel, et inclure un suivi des tuteurs. Des ressources et outils sont disponibles via le réseau PÉRISCOPE pour soutenir les enseignants dans sa mise en œuvre. Suivre ce lien.


Entretiens Jacques Cartier: colloque IA générative et co-élaboration de connaissances en salle de classe (17-18 octobre)

 

L'intelligence artificielle générative (IAG) soulève de nouveaux enjeux en matière d'engagement des élèves en classe. Puisque la participation en classe est l'un des quatre niveaux d'intervention et de recherche du réseau PÉRISCOPE, ce colloque, planifié avec des chercheur·es du GIS2IF, un regroupement de recherche associé au réseau PÉRISCOPE, est appelé à se pencher sur ces enjeux ainsi qu'une approche pédagogique reconnue pour miser sur l'agentivité des élèves. Pour en savoir davantage, suivre ce lien.


Imaginons une école pour tous: une série documentaire pour mieux comprendre l’inclusion

 

La nouvelle série documentaire de Julien Cadieux, animée par la journaliste Sophie Désautels et Mathilde, sa fille autiste, explore des initiatives d'inclusion des jeunes à besoins particuliers dans le milieu éducatif, tout en mettant en lumière des personnes engagées et passionnées... Produite par les Productions du Milieu, la série Imaginons une école pour tous qui peut être visionnée sur le site web de TFO, sera diffusée sur AMI-télé à compter du 27 août. Sophie Désautels a réalisé aussi un balado en six épisodes sur le sujet. La série est aussi accessible pour les personnes non voyantes.


Version finale de l'ouvrage collectif

La version finale de l’ouvrage collectif est maintenant disponible sur le site de la BAnQ. Merci à celles et ceux qui y ont collaboré, qui l’ont lu, qui l’ont partagé et qui en ont discuté. Plusieurs nouveaux chapitres ont été publiés depuis notre dernier partage, alors n’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil.

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Revue internationale du CRIRES - Appel de textes sous le thème: "Activités, enseignement, apprentissage et évaluation"

La Revue internationale du CRIRES: innover dans la tradition de Vygotsky lance un appel de textes autour de la thématique de l’évaluation dans le but de repenser, de réfléchir, de documenter et de proposer des angles diversifiés quant aux pratiques d’évaluation selon des entrées différentes.