Panel 2 sur les inégalités/iniquités de participation en classe et à la maison au temps de la Covid-19 : Échec ou Math ?


Le 17 juin 2020 s’est déroulé le deuxième des Panels en réseau portant sur les inégalités/iniquités de participation au temps de la Covid-19, croissantes ou émergentes, notamment quant aux décisions prises au Québec pour assurer la continuité de l’éducation formelle. La professeure Mélanie Tremblay (UQAR), l’enseignant Guillaume Paré (Collège des Compagnons) et l’enseignante Michelle Deschênes (Collège O’Sullivan) ont été invités à participer aux échanges qui ont notamment porté sur l’enseignement et l’évaluation des mathématiques depuis le début de la pandémie. 

En premier lieu, Mme Tremblay identifie trois tensions déjà présentes avant la Covid-19, lesquelles sont sources d’inégalités et d’iniquités dans l’offre scolaire minimale des mathématiques: (1) la posture d’un ou d’une enseignant·e quant à l’agir mathématique promu dans la classe, (2) l’intégration des technologies dans la classe, et (3) la conception de l’évaluation. D’emblée, la posture épistémologique de l’enseignant·e vis-à-vis les mathématiques (utilitariste ou falsificationniste) façonne son enseignement, la richesse des apprentissages vécus par les élèves et les objets évalués. De plus, la disponibilité, les choix faits en termes  d’intégration des technologies dans la classe de mathématiques affectent la lutte contre les iniquités dans la mesure où certains outils transforment l’activité mathématique vécue et modifient l’expérience éducative. Leur présence ou non creuse des écarts entre les élèves, lesquels peuvent être accentués chez les élèves en difficulté d’apprentissage. Enfin, la fausse discontinuité perçue entre les évaluations dites formatives et certificatives (i.e. évaluer pour apprendre vs évaluer les apprentissages) crée des inégalités dans l’accompagnement offert aux élèves pour rendre compte de leur progrès. Bref, le défi pour les enseignant·e·s en mathématique est immense et le contexte actuel l’exacerbe. 

En deuxième lieu, M. Paré parle de son expérience, pendant le confinement, comme enseignant de mathématiques et de sciences en première secondaire, au programme PROTIC. Il précise que tous ses élèves disposent d’un ordinateur personnel depuis la rentrée des classes. Son approche pédagogique met l’accent sur la collaboration et la résolution de problèmes de sorte que ses élèves développent des compétences, incluant des compétences entrepreneuriales. Dans ces conditions, l’adaptation de la classe au confinement a été moins difficile. En outre, l’aménagement de l’espace de travail s’est fait en trois temps. Les premières semaines s’organisaient autour d’activités de confirmation de l’acquisition de compétences, de travaux hebdomadaires obligatoires et d’activités virtuelles optionnelles. Peu après, l’enseignant reprenait des projets mis sur la glace depuis le confinement. D’ailleurs, la reprise n’était pas optimale en raison du manque de motivation chez certains élèves. Finalement, l’enseignement à distance fut rendu obligatoire. Les enseignant·e·s devaient dès lors remédier aux écarts entre les élèves assidus et les retardataires. Il dégage certains constats de son expérience : un affaiblissement du lien affectif avec ses élèves ainsi que des difficultés pour mener à bien leur plan de travail hebdomadaire et leurs travaux en équipe. Avoir un soutien technique disponible est essentiel. L’encadrement des parents est aussi capital pour l’apprentissage à distance de leur(s) enfant(s). 

En troisième lieu, Mme Deschênes fait part de sa situation dans un collège privé. L’établissement offre des cours en ligne synchrones depuis plus de dix ans. Il y existe donc une expertise technologique et pédagogique qui favorise le partage de bonnes pratiques dans la communauté enseignante. De plus, en vertu du principe de précaution, l’établissement a pris rapidement la décision de finir l’année scolaire en ligne. De fait, le collège a convoqué les enseignant·e·s et leurs étudiant·e·s à une réunion générale pour s’accorder sur la transition à faire. Ainsi les étudiant·e·s ont pu emprunter les outils technologiques et les ressources numériques dont ils avaient besoin tandis qu’une formation rapide a été mise à disposition des enseignant·e·s qui n’avaient pas d’expérience dans les usages de technologies pour l’apprentissage en ligne. Par ailleurs, l’entraide entre collègues (tutoriels, références à des outils et échanges par courriel) a pris place. À plus forte raison, l’accès au soutien technique en tout temps pour s’occuper des problèmes technologiques des étudiant·e·s en ligne a grandement contribué à la mise en place rapide des cours en ligne. Or, toute la mobilisation des acteur·e·s a porté ses fruits. En effet, seulement quatre étudiant·e·s ont abandonné leurs cours alors que la plupart sont des parents ou se trouvent sur le marché du travail.

Dans la discussion qui a suivi, les trois panélistes invités ont dressé un bilan des expériences partagées. Mme Tremblay précise que s’il faut parler d’échec en math, il faudrait plutôt parler d’un échec du système scolaire à minimiser les inéquités alors qu’il n’a pas été possible de « brancher » tous les jeunes avec leurs enseignant·e·s. De même, elle considère que les mesures prises n’ont pas priorisé un retour en classe pour assurer la réussite des élèves en difficulté ou en situation de vulnérabilité. Le retour de certains fut permis, mais est arrivé tardivement. Du même souffle, elle reconnait que des enseignant·e·s très motivé·e·s ont su faire autrement avec peu d’outils et surtout en peu de temps. Bien que Mme Deschênes constate les mêmes lacunes et défis à relever, les acteur·e·s du système scolaire échoueront seulement s’ils n’apprennent rien de cette période. C’est pourquoi elle insiste à ce que la préparation pour l’automne soit adéquate. Ce qui s’accorde avec les idées de M. Paré. Selon lui, l’expérience du confinement doit conduire à une réflexion sur tout le système éducatif : les modalités d’enseignement, les pratiques de collaboration, les évaluations. En ce sens, c’est le bon moment pour les acteur·e·s du système éducatif de réduire les inégalités et les iniquités – de se servir des choses exceptionnelles qui ont eu lieu et de continuer à évoluer. 

 

Rédaction :  alexandra-marcela.espin-espinoza.1@ulaval.ca et Pier-Luc Jolicoeur

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