Au cours des dernières années, les différents groupes et communautés d’apprentissage professionnels en ligne semblent avoir gagné en popularité auprès des enseignantes et enseignants. Ainsi, qu’elles soient dédiées au partage de connaissances, d’outils pédagogiques ou d’expériences vécues en classe, ces communautés d’apprentissage peuvent s’inscrire dans une démarche de développement professionnel, si elles permettent aux enseignants de répondre collectivement à des enjeux, questionnements et problèmes issus de leur pratique.
Mais qu’en est-il réellement? Concrètement, que savons-nous du type d’utilisation que font les enseignants de ces communautés d’apprentissage virtuelles? Quels bénéfices en tirent-ils? Aussi, quels sont les buts poursuivis par ceux et celles qui participent de manière plus ou moins active à ces groupes de partage formels ou informels, et dans le cas contraire, qu’est-ce qui vient limiter la contribution d’autres enseignants?
Dans leur article paru en juillet 2018, Lantz-Anderson, Lundin et Selwyn s’emploient à répondre à ces questions, après avoir effectué une revue systématique de la littérature publiée sur le sujet entre 2000 et aujourd’hui. Au total, 52 études empiriques ayant pour objet de recherche tant les aspects sociaux que technologiques de la participation en ligne des enseignants à des groupes d’apprentissage professionnels formels ou informels ont été examinées.
Il en ressort que ces communautés d’apprentissage professionnelles, développées et organisées soit de manière formelle par les établissements scolaires, voire par les autorités gouvernementales, ou initiées par les enseignants eux-mêmes de manière informelle, notamment à travers les médias sociaux, répondent à des besoins différents tout en partageant des caractéristiques communes.
Ainsi, de manière générale, les auteurs de cette revue de littérature rapportent que les groupes organisés de manière formelle ont comme principale fonction de permettre l’échange et le partage d’information entre les enseignants de la communauté. C’est principalement le type de technologie choisie par l’organisation qui influencerait les interactions, allant de la simple question, au partage de matériel, passant par les remue-méninges, jusqu’aux ateliers réflexifs évoluant dans le temps. Lantz-Anderson, Lundin et Selwyn (2018) ajoutent également que, si la participation à ces groupes formels de discussion permet de développer une certaine forme de soutien et de collégialité entre les participants, ils relèvent cependant que les bénéfices rapportés par les enseignants dans les diverses études semblent être de nature sociale et interpersonnelle, plutôt qu’axés sur le développement d’un regard réflexif sur leur propre pratique.
En ce qui a trait aux communautés d’apprentissage informelles, elles semblent davantage être utilisées par les enseignants comme source d’information pratique afin d’avoir accès à de nouvelles idées. Les participants y recherchent donc des réponses rapides à des questions plutôt techniques qui aboutissent rarement à de longues discussions et qui engagent peu la réflexion.
Sur un autre plan, Lantz-Anderson, Lundin et Selwyn (2018) tiennent également à souligner le fait que, tant dans les groupes formels qu’informels étudiés, les interactions entre les enseignants sont marquées par la nature professionnelle du ton qui est employé. Les auteurs insistent sur cet aspect considérant la prévalence de la nature sociale et amicale des communications qui s’établissent habituellement en ligne, notamment sur les réseaux sociaux.
Une autre caractéristique commune aux groupes formels et informels d’apprentissage professionnels a trait aux normes qui régissent les échanges entre les participants ainsi qu’aux sujets discutés. Ainsi, les auteurs de l’étude précisent que si l’on peut s’attendre à ce que ces normes soient établies par des modérateurs et participants-clés dans les communautés d’enseignants en ligne formellement organisées, le fait qu’un noyau d’enseignants agisse de la même manière dans les groupes informels peut devenir un obstacle à la participation d’autres enseignants, voire freiner leurs contributions potentielles et les occasions de développement professionnel.
Enfin, les auteurs de cette revue de littérature soulignent également la nécessité de poursuivre les recherches sur ce que peut signifier « la collaboration et la collégialité » dans les grandes communautés en ligne pour une profession enseignante qui, traditionnellement, s’inscrit dans un cadre plutôt « fermé ». Ils se questionnent d’ailleurs à savoir si les enseignants travaillent réellement en collégialité au sein de ces groupes et dans quelle mesure les environnements en ligne favorisent le réel désir de travailler au bénéfice de la communauté, sans quoi les possibilités de collaboration et d’apprentissage en ligne des enseignants ne peuvent être pleinement réalisées.
Rédaction: Marie-France Boulay
Pour consulter l’article en question : https://doi.org/10.1016/j.tate.2018.07.008
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