Panels en réseau - Série 6 - Panel 4 - La composition de la classe : des solutions au-delà du nombre
Au printemps 2024, PÉRISCOPE a tenu deux panels sur la composition de la classe. La discussion du 25 avril a permis de cerner le problème alors que le panel du 23 mai était orienté vers la recherche de solutions. Les personnes qui ont participé au 4e panel de cette 6e série étaient les suivantes : Alain-Guillaume Marcotte-Fournier, enseignant au secondaire; Marta Teixeira (professeur à l’UQAR)et Philippe Tremblay (professeur à l’Université Laval). Thérèse Laferrière, chercheure principale du réseau PÉRISCOPE, animait le panel.
Un bref rappel du problème cerné lors du 1er panel Dans un premier temps, voici un rappel des difficultés liées à la composition de la classe mentionnées lors du 1erpanel[1]. Celles-ci illustrent la complexité de la situation : augmentation d’élèves ayant des besoins spécifiques au cours des dernières années, difficulté accrue d’interaction des élèves, augmentation de la violence, élèves qui n’ont pas les acquis attendus pour leur niveau scolaire. Au défi de différentiation qu’implique cette diversité de besoins, vient s’ajouter la pénurie de personnel, une tendance à la ségrégation sociale et scolaire avec une école « dite » à plusieurs vitesses ainsi que des services et des mesures de soutien qui ne sont pas toujours à la hauteur de celles souhaitées.
Quelques solutions Compte tenu des multiples facteurs mentionnés lors du 1er panel, de même que de la diversité des milieux (ex. taille des établissements) et du personnel en poste (ex. personnel qualifié et non légalement qualifié, etc.), les solutions à considérer se doivent également d’être « plurielles ». Une diversité d’élèves implique une diversité d’approches pédagogiques. De même, la diversité du personnel enseignant et des milieux implique également un accompagnement adapté pour la mise en œuvre de cette diversité d’approches. Voici quelques exemples de solutions formulées lors de l’activité.
1. Mixité
Favoriser une mixité sociale et académique dans les classes afin d’éviter la stigmatisation des élèves en difficulté, de permettre aux élèves d’être sensibles à la réalité des autres et de réduire la ségrégation.
2. Collaboration entre élèves
Développer des communautés d’apprentissage où les élèves sont coresponsables de leurs apprentissages et interagissent pour s’aider (ex. mentorat de pairs, etc.)
Permettre aux différents élèves d’avoir accès à un projet pédagogique particulier.
3. Réorganisation des ressources
Promouvoir le co-enseignement comme une approche pédagogique flexible permettant un partage des responsabilités et un soutien pédagogique pouvant bénéficier à tous les élèves, incluant ceux ayant des besoins particuliers. Une réorganisation des ressources destinées aux élèves en difficulté pour les intégrer à un système de co-enseignement pourrait permettre d’éviter une externalisation excessive des ressources et le travail en équipe pour le bien-être de tous les élèves (ex. présence de la ressource de soutien en classe plutôt que de faire sortir l’élève de la classe).
Mettre en place des classes flexibles pour un environnement d’apprentissage convivial, ouvert et flexible permettant une adaptation des pratiques pédagogiques avec un aménagement permettant de bouger (ex. classes extérieures, meubles favorisant différentes positions et modalités de travail, soit seul ou en groupes).
4. Soutien au personnel enseignant pour adapter les pratiques et innover
Impliquer davantage les enseignant·es dans le processus de décision concernant les changements à apporter afin que leurs besoins et leurs idées soient pris en compte avec les contraintes de leur contexte de travail respectif. Encourager les enseignant·es à proposer des solutions pour stimuler le plaisir d’enseigner et d’apprendre et valoriser les innovations issues du terrain.
Former à des approches pédagogiques variées pouvant aider à gérer la diversité dans la classe et accompagner le personnel enseignant afin de favoriser leur adoption.
Accompagner pour une utilisation réfléchie des technologies en soutien à l’enseignement et aux apprentissages (ex. utilisation de robots conversationnels afin d’aider à certaines tâches éducatives tout en maintenant un équilibre avec l’interaction humaine).
Développer des communautés d’apprentissage où les enseignant·es travaillent en équipe pour le bien-être de tous les élèves. Assurer les ressources nécessaires pour mettre en œuvre les ajustements souhaités (ex. temps, étapes progressives, soutien administratif pour que les enseignant·es puissent se concentrer sur l’enseignement plutôt que sur la gestion bureaucratique et ainsi réduire la charge de travail, etc.)
Puisqu’une des idées du panel invitait à recourir à des robots conversationnels, un de ceux-ci fut mis à contribution dans la recherche de solutions pour composer avec la diversité des élèves. Voici quelques pistes supplémentaires recueillies.
Création d’un climat de classe inclusif basé sur une culture de respect et d’acceptation des différences au sein de la classe (ex. ateliers de sensibilisation à la diversité abordant des sujets tels l’empathie, les préjugés, la coopération).
Implication des parents et de la communauté par le biais de partenariats pour soutenir l’apprentissage et la diversité culturelle (ex. célébrations culturelles, etc.).
Évaluation : faire appel à des moyens variés pour prendre en compte les différentes compétences des élèves et les progrès individuels sans se baser uniquement sur des tests, projets.
Pour créer un environnement scolaire inclusif tout en soutenant les enseignant·es dans leur responsabilité éducative, la collaboration entre tous les acteurs de l’éducation est requise. C’est une condition essentielle à la mise en œuvre efficace et durable de changements liés à la composition de la classe. Cette collaboration est également indispensable pour la poursuite de la recherche de solutions à laquelle tous les acteurs du réseau sont conviés.
[1] Il vous est possible de consulter un résumé du panel du 25 avril sur le site de PÉRISCOPE à partir de ce lien