Panels en réseau - Série 6 - Panel 3 - La composition de la classe : définir le cadre pour poser le problème


Le 25 avril s’est tenu le troisième panel de la série 6 intitulé « La composition de la classe : définir le cadre pour poser le problème ». En introduction, Thérèse Laferrière (chercheure principale du réseau PÉRISCOPE), animatrice du panel, a mentionné l'importance de prendre en compte différents points de vue et perspectives afin d’obtenir une compréhension complète du problème. Elle explique que l'origine de ce questionnement pour le réseau PÉRISCOPE remonte à 2016 lors de la Tournée R_École, et malgré des discussions antérieures et des initiatives, le problème persiste.

Les panélistes étaient Brigitte Bilodeau (vice-présidente FSE-CSQ), Pierre Canisius Kamanzi (chercheur de l’UdeM), Josiane Cossette (parent et écrivaine) et Alain-Guillaume Marcotte-fournier.

Brigitte Bilodeau, vice-présidente aux dossiers pédagogiques et professionnels à la Fédération des Syndicats de l’Enseignement, a abordé la question de la composition des classes, soulignant son évolution significative au cours des 15 dernières années, notamment l’augmentation de la présence d'élèves à besoins spécifiques tels que ceux ayant des troubles du spectre autistique (TSA) ou les élèves allophones. Elle a mentionné les effets de la pandémie, tels que l’augmentation de la violence et les problèmes d'interaction sociale chez les élèves. Parmi les autres facteurs mentionnés, on trouve la pénurie de personnel enseignant et les défis associés à la promotion automatique des élèves malgré des lacunes dans certaines matières. Madame Bilodeau a également évoqué les défis de différenciation pédagogique, soulignant la complexité croissante pour les enseignant·es d'adapter leurs interventions à un groupe d'élèves présentant une diversité croissante de besoins. Elle a en effet décrit comment les enseignant·es sont confrontés à une tâche de plus en plus complexe et que cette complexité est exacerbée par le nombre d'élèves ayant des plans d'intervention ou des mesures d'adaptation. Les enseignant·es se retrouvent ainsi à devoir enseigner différents programmes simultanément à un groupe d'élèves ayant des défis divers, ce qui s'apparente davantage à la charge de travail des enseignant·es en adaptation scolaire qui comptent moins d’élèves dans leur classe. Cette situation décourage les enseignant·es et soulève la nécessité de trouver des solutions multifactorielles pour alléger cette charge de travail et les soutenir dans leur pratique.

Pierre Canisius Kamanzi, professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, a décrit la composition des classes dans le système éducatif québécois, soulignant une division en plusieurs vitesses. Il a présenté des données montrant que les élèves des classes privées et des programmes enrichis dans les écoles publiques proviennent principalement de familles à revenu élevé, tandis que ceux des classes régulières dans les écoles publiques proviennent plutôt de familles à revenu moyen ou élevé. Monsieur Canisius Kamanzi a mis en évidence une tendance à la ségrégation sociale et scolaire, où les élèves les plus privilégié·es ont plus de chances d'accéder à des études supérieures et à des emplois valorisés. Il a également souligné l'importance de maintenir la mixité sociale et scolaire pour former des citoyens capables de vivre ensemble en société.

Josiane Cossette, mère et membre du conseil d'établissement dans l’école de ses enfants, a ensuite partagé son point de vue sur la composition des classes. Elle a souligné que cette question est difficile à cerner pour les parents, car ils ne connaissent pas tous les défis et obstacles rencontrés par les enseignant·es. Elle a abordé trois aspects principaux : le facteur humain, le manque de soutien et de services, ainsi que les coupures et l'étiolement des mesures d'aide. Josiane Cossette a souligné l'importance du lien affectif entre l'enseignant·e et l'élève, ainsi que le besoin de soutien pour les enfants ayant des besoins particuliers. Elle a également mentionné l'impact positif des aides à la classe, tout en exprimant sa déception quant à leur possible retrait dans les écoles peu défavorisées. De plus, elle a mis en avant le défi du mentorat pour les nouveaux enseignant·es, soulignant les réductions de programmes comme celui de l'IPE (insertion professionnelle des enseignant·es). Madame Cossette a conclu en affirmant que la composition de la classe est un enjeu complexe et elle a exprimé sa gratitude d'avoir l'opportunité de réfléchir à ces questions avec les autres panélistes, combinant ainsi les données quantitatives et les perceptions des parents.

Finalement, Alain-Guillaume Marcotte-Fournier, qui enseigne les sciences au secondaire, a expliqué qu’il est nécessaire de considérer le vécu des élèves et les réalités que ces derniers vivent. En effet, certaines situations familiales peuvent affaiblir l’engagement vis-à-vis l’école et cela doit être pris en considération dans la composition des classes.

Thérèse Laferrière a finalement conclu le panel en mentionnant que d’ici le prochain panel, celui visant à discuter à des solutions à partir de la définition du problème souligné par les 4 panélistes, les réflexions se poursuivront.

Voici la bande-annonce du panel :