Panels en réseau - Série 6 - Panel 2 : L'incontournable nécessité d'une vision sociale de l'école québécoise


En hommage à Antoine Baby

Le 21 mars 2024 s'est tenu le deuxième panel de la série 6 intitulé « L’incontournable nécessité d’une vision sociale de l’école québécoise ». Ce panel a été l’occasion de rendre hommage à Antoine Baby, professeur émérite de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, cofondateur du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) et du Centre de transfert sur la réussite éducative (CTREQ), décédé le 4 mars précédent.

Avant de résumer les échanges du panel, notons qu’Antoine Baby était bien plus qu'un simple universitaire ou chercheur. Il était un humaniste engagé dans les grands débats entourant l’éducation, un sociologue de terrain, un pédagogue averti et un défenseur infatigable des plus vulnérables au sein de notre système éducatif. Son travail acharné et ses idées novatrices ont contribué à façonner une vision de l'éducation basée sur l'égalité des chances et le respect de la dignité humaine. À travers ses nombreux ouvrages, ses interventions publiques et ses actions militantes, Antoine Baby a laissé un héritage riche et son engagement en faveur de la réussite éducative pour tous et toutes, en particulier pour les jeunes les plus marginalisés, restera gravé dans les mémoires et continuera d'inspirer les générations futures. Il est essentiel de continuer à travailler dans le sillon tracé par Antoine Baby. Voyons ce que les panélistes ont mis en évidence concernant l’authenticité de sa contribution.

Les panélistes étaient Christian Payeur (premier président du C.A. du CRIRES ainsi que du CTREQ), Lorraine Pagé (présidente de la CEQ au moment de la mise sur pied du CRIRES), Denis Savard (directeur du CRIRES) et Linda Saint-Pierre (présidente-directrice générale du CTREQ). Le panel a été animé par Thérèse Laferrière (ICI-PRS et chercheure principale du réseau PÉRISCOPE, ex-assistante de recherche d’Antoine).

Avant de laisser la parole à Christian Payeur, Thérèse Laferrière a débuté le panel en soulignant l'incontournable nécessité d'une vision sociale de l'école québécoise qu’Antoine Baby représentait bien. Christian Payeur a ensuite mis en avant l'approche innovante d'Antoine Baby en matière d'éducation, ainsi que son engagement en faveur d'une vision plus collaborative et sociale de l'école. Selon Christian Payeur, Antoine Baby ne se contentait pas de faire de la recherche académique, mais il cherchait également à partager ses idées et à échanger avec d'autres acteur·es du milieu éducatif. Ces rencontres avec des enseignant·es et d’autres intervenant·es du milieu éducatif étaient l'occasion de tester et d'analyser différentes pratiques pédagogiques, dans le but de favoriser une approche plus collaborative et interactive de l'éducation. Cette approche reposait sur le dialogue, la conviction et la recherche active, plutôt que sur des prescriptions rigides. Christian Payeur a aussi insisté sur l'importance de redonner à l'école sa véritable place en tant que lieu dans lequel les enjeux sociaux sont débattus dans une démarche collective et démocratique, plutôt que de la cantonner à des considérations bureaucratiques. Il appelle à une vision sociale et démocratique de l’éducation, qui intègre les enjeux sociaux et les perspectives diverses des acteur·es qui sont parties prenantes de la situation éducative.

Ensuite, Lorraine Pagé, qui a collaboré avec Antoine Baby pendant de nombreuses années, a rappelé une campagne lancée à l'époque où cette dernière est arrivée à la CEQ sur la réussite scolaire, soulignant les défis et les risques associés à ce sujet. Malgré cela, elle souligne l'importance de s'attaquer à la question de la réussite scolaire et de la collaboration entre les chercheur·es et les enseignant·es. Antoine Baby savait adopter une approche conciliant recherche et contact avec le terrain qui permettait de faire tomber certaines appréhensions et de faciliter la collaboration. Madame Pagé a ensuite évoqué la complicité exceptionnelle qu'elle a partagée avec Antoine Baby au fil des ans, soulignant son rôle de sociologue, de médiateur, de chercheur et d'humaniste. Elle a insisté sur l'importance d’une vision sociale de l'école et elle a critiqué les tentatives de certains groupes d'intérêts de déformer cette vision sociale de l’école en faveur d'une vision économique basée sur la sélection et la concurrence.

Par la suite, Denis Savard a commencé son intervention en situant Antoine Baby dans une génération de penseurs et de développeurs qui ont travaillé à bâtir un système éducatif québécois conforme aux visions ambitieuses de la Commission Parent. Cette commission prônait une éducation démocratique, accessible à tous, avec une attention particulière à la réduction des inégalités. Antoine Baby a joué un rôle important dans le développement du système éducatif québécois, notamment par ses travaux en sociologie de l'éducation et en politiques éducatives. Monsieur Savard a aussi présenté quelques faits et anecdotes illustrant différents aspects de la vie et de la carrière de monsieur Baby, notamment son engagement dans les mouvements scouts, sa participation à des débats universitaires et son activisme en faveur des jeunes en difficulté et des causes sociales. Denis Savard a souligné l’alliance improbable qu’Antoine Baby a su rendre possible entre les mondes syndical et académique avec la création du CRIRES.

Ensuite, Linda St-Pierre a mis en avant le rôle d'Antoine Baby dans la création du CTREQ, soulignant son importance dans l'élargissement de la mission sociale de l'école et son engagement en faveur de l'éducation inclusive. Madame St-Pierre a mentionné l’engagement d’Antoine Baby dans l'amélioration du système éducatif pour tous les apprenant·es, notamment celles et ceux qui étaient marginalisés. Elle a aussi évoqué sa sensibilité éducative et son ouverture à d'autres dimensions qui dépassent les résultats scolaires et qui mettent en lumière les causes sociales des difficultés des apprenant·es. Linda St-Pierre a terminé en soulignant les interventions publiques récentes d'Antoine Baby, montrant qu'il était toujours engagé dans les débats sur l'éducation et la justice sociale.

Après les témoignages des panélistes, Thérèse Laferrière a invité les participant·es du panel à partager quelques mots sur Antoine Baby.

Ce panel a permis de mettre en lumière l’impact profond et durable d’Antoine Baby, ce géant dans le paysage éducatif québécois. Les témoignages de ses collègues et collaborateurs ont révélé un homme dévoué, passionné et résolu à œuvrer pour une éducation inclusive, égalitaire et socialement engagée.

Voici la bande-annonce du panel: