Le 15 février 2024 a eu lieu le premier panel de la série 6 : Un plan pour un réseau commun. Lors de ce panel, Stéphane Vigneault (cofondateur et coordonnateur d’École ensemble) a présenté le plan d’École ensemble pour un réseau scolaire commun. Il a ensuite été questionné par les panélistes Catherine Dumoulin (professeure au département d'administration et fondements de l'éducation de l’UQAC), Justine Castonguay-Payant (Ph. D. en éducation comparée et fondements de l’éducation de l’UDM dont la thèse porte sur le choix de l’école secondaire de parents montréalais lors du passage primaire-secondaire de leur enfant), Alain Fortier (ICI-PRS et dernier président de la FCSQ) et Christian Payeur (ICI-PRS et premier président du C.A. du CTREQ). Le panel a été animé par Thérèse Laferrière (ICI-PRS et chercheure principale du réseau PÉRISCOPE).
École ensemble a été fondé par des parents d’élèves en 2017 et depuis, nombreux acteurs intéressés à l’éducation appuient le mouvement ayant pour mission de faire en sorte que le Québec se dote d’un système d’éducation équitable. Concernant le manque d’équitabilité du système d’éducation, monsieur Vigneault a mis en évidence cette situation qui s’incarne au Québec avec l’école à trois vitesses (les écoles privées subventionnées, les écoles publiques sélectives et les écoles publiques ordinaires) et qui occasionne une concurrence entre les écoles afin d’obtenir les élèves « les plus payants » en matière de revenus et de résultats scolaires. Ce tri social a tendance à entrainer le décrochage des élèves (plus haut taux au pays), celui des enseignants (typique à un modèle à trois vitesses), devient une menace à la cohésion sociale et des conséquences sanitaires et environnementales liées à la dispersion des élèves sur le territoire en découlent. Le plan d’École ensemble est de créer un réseau scolaire commun mettant les écoles publiques et des écoles privées conventionnées à l'abri du marché scolaire. Un statut d’écoles privées non conventionnées demeurerait disponible pour les écoles privées qui feraient le choix de ne pas faire partie du réseau commun. Voir le plan sous ce lien.
Après la présentation de monsieur Vigneault, les panélistes ont été invités à questionner l’invité. D’abord, Catherine Dumoulin a évoqué la situation des élèves en difficulté. Elle souhaitait connaitre la vision de monsieur Vigneault concernant les besoins de ces élèves et savoir ce qu’École ensemble propose pour répondre à ces besoins de manière équitable. Selon Stéphane Vigneault, aller à l'école ensemble est favorable pour tout le monde, tant les élèves en difficulté que ceux qui réussissent bien. Pour les élèves en difficulté, le fait d’être dans des classes moins homogènes leur permettrait d’être tirés vers le haut. Pour les élèves qui réussissent déjà, ils continueront de réussir et développeront des valeurs sociales.
Justine Castonguay-Payant a ensuite pris la parole et s’est enquise de la perception des parents (leur rôle moral) à l’égard du plan d’École ensemble et du lien entre l’équité et l’excellence. Pour monsieur Vigneault, le plan d’École ensemble dépasse le jugement moral (« Faites la bonne chose pour la société »). En évoquant des sondages réalisés, le coordonnateur d’École ensemble a pu montrer qu’une large majorité de parents sont favorables à l’idée d’un réseau commun et qu’ils souhaitent que cela devienne une priorité politique. Concernant le lien entre l’équité et l’excellence, monsieur Vigneault pense que dans un futur qui verrait la mise en place du réseau commun, le taux de décrochage baisserait et les résultats scolaires augmenteraient. Il appuie cette hypothèse par une observation des systèmes scolaires dans lesquels les élèves vont déjà à l’école ensemble (finlandais, norvégiens, islandais et ontariens). Dans ces pays ou province, les systèmes scolaires favorisent l’excellence et permettent l’équité.
La parole a été passée à Christian Payeur qui a tenu à féliciter l’invité pour sa présentation qu’il considère claire et appuyée par des recherches. Selon monsieur Payeur, l’absence des parents dans les débats entourant le système d’éducation était un réel problème. Christian Payeur a ensuite partagé son intérêt à voir d’autres démonstrations concernant les effets de la concurrence, notamment l’anxiété de performance.
S’en est suivi le partage de Marisa Thibault, une enseignante et parent, qui a témoigné des conséquences des compositions des classes actuelles, soit le décrochage des enseignant·es, même des plus expérimenté·es. Madame Thibault, s’inquiétant de la condition de certaines écoles du Québec, a demandé à monsieur Vigneault comment le plan d’École ensemble prenait en compte le problème des écoles vétustes (les moisissures notamment). Stéphane Vigneault a reconnu que le plan ne pourrait régler ces problèmes dès l’an un, mais il pense que le caractère universel du réseau commun aura comme résultat de mettre l’éducation au premier plan dans les discussions politiques.
Par la suite, Alain Fortier a partagé l’idée que, pour lui, le plan d’École ensemble est avant tout un projet social. Le dernier président de la FCSQ aspire à une école qui serait le modèle de la société dans laquelle nous vivons. Il a ensuite tenu à réitérer l’importance de passer d’une préoccupation individuelle à une préoccupation collective, préoccupation partagée par la mission d’École ensemble. Pour lui, que les parents deviennent coresponsables de tous les enfants est l’un des ancrages solides du plan d’École ensemble. Monsieur Fortier a ensuite demandé à l’invité quel était le plus grand obstacle à la mise sur pied du plan. Stéphane Vigneault a répondu que la plus grosse difficulté est de faire migrer les discussions entourant l’école à trois vitesses d’une prise en compte de ces enjeux vers une mise en action des solutions. Pour monsieur Vigneault, ce panel en réseau est un pas dans cette direction, mais il est essentiel que les médias québécois en parlent davantage. Alain Fortier a réagi à la réflexion de l’invité en déplorant que les négociations entourant les conventions collectives, notamment celles sur la composition de la classe, n’aient pas vraiment permis de participer à ce virage vers des solutions.
Thérèse Laferrière a conclu le panel en soutenant le plan d’École ensemble au nom du réseau Périscope et en reconnaissant que l'action collective devra maintenant converger vers des solutions.
Voici la bande-annonce du panel: