4e série des Panels en réseau sur les inégalités/iniquités éducatives au temps de la Covid-19 : la rétroaction par les pairs, croiser nos savoirs


Le cinquième panel de la quatrième série des Panels en réseau, qui a eu lieu le 26 mai 2022, a marqué une évolution progressive de ceux-ci vers des rencontres de codesign (RenCod). Plus particulièrement, dans cette rencontre, les participant·es se sont concentré·es à coconstruire des fiches concernant la rétroaction par les pairs, fiches s’adressant aussi bien à l’élève donneur·euse de rétroaction, à l’élève receveur·euse de rétroaction ainsi qu’à l’enseignant·e qui encourage cette pratique. Ces documents, une fois conçus, serviront à outiller les enseignant·es qui souhaiteront intégrer la rétroaction par les pairs à leur pratique. Les panélistes étaient Alain Fortier d’Ulaval; Georges-Louis Baron de l’Université de Paris; Delphine Tremblay-Gagnon d’Ulaval; Cynthia Prévost, enseignante en 1re secondaire au Collège des Compagnons (programme PROTIC); Chantal Trépanier, conseillère en orientation; et Linda St-Pierre du CTREQ. Thérèse Laferrière, chercheure principale du réseau Périscope, a guidé cette rencontre.

La rencontre a débuté avec le partage, par M. Alain Fortier, du projet de tutorat par les pairs d’un élève finaliste des prix Forces AVENIR, programme permettant de reconnaître, honorer et promouvoir l’engagement étudiant. Ce témoignage du jeune de 5e secondaire a permis de réaffirmer la nécessité d’encourager cette forme de tutorat. À ce propos, M. Georges-Louis Baron discute de l’enseignement mutuel qui était pratiqué auparavant (notamment en France) et qui était une forme très encadrée de tutorat par les pairs. De son côté, Mme Laferrière rappelle le point de vue de la Fédération des syndicats de l’enseignement qui verrait l’activité de rétroaction par les pairs comme une mesure de soulagement pour les enseignant·es, les libérant ainsi quelque peu.

La conversation se poursuit dès lors autour des propos de Cynthia Prévost qui partage son expérience de la rétroaction par les pairs dans ses classes qui fonctionnent par projet. Elle souligne d’entrée de jeu que la rétroaction, dans cette approche pédagogique de projet, est très importante, car elle permet une rétroaction rapide entre les élèves ainsi qu’une impression de contrôle pour ceux-ci et celles-ci. Mme Prévost met en pratique deux types de rétroaction : celle « en direct » et celle « en différée ». La première permet aux élèves de pouvoir verbaliser les commentaires faits entre pairs de manière constructive. Pour ce faire, Mme Prévost modélise (dès le début de l’année) et encourage la formulation « Je remarque que + fait observable » pour que les élèves verbalisent leurs coups de cœur ainsi que leurs coups de pouce (défis / éléments à améliorer). Cette verbalisation est toutefois un défi pour pluieurs d’élèves. D’ailleurs, Mme Chantal Trépanier affirme que le défi est toujours présent, même avec des élèves de deuxième cycle, selon son expérience. Avec ce type de rétroaction, la présence de l’enseignant·e demeure donc essentielle pour qu’il ou elle puisse valider que les élèves d’une équipe soient à la fois donneur·euses et receveur·euses de rétroactions. Elle affirme également que, sans confiance, la rétroaction en direct n’est pas possible pour les élèves. La rétroaction différée, elle, se fait à l’aide de Google formulaires pour l’enseignante. Cette manière de faire lui permet de compiler rapidement les résultats et d’aller chercher de l’information partant des rétroactions des pairs, incluant des informations que l’on souhaite conserver confidentielles. Cynthia Prévost indique qu’elle guide la rétroaction par les pairs en fonction de ses intentions pédagogiques et que les informations qu’elle en tire lui permettent d’intervenir de manière plus préventive (en amont) qu’en réaction aux problèmes qui surviennent (en aval).

Georges-Louis Baron et M. Alain Fortier soulignent le fait que l’engagement de l’enseignant·e semble énorme concernant la rétroaction par les pairs et demandent à Cynthia Prévost si elle a des suggestions à offrir aux enseignant·es débutant·es pour que ceux-ci et celles-ci se sentent capables d’intégrer la rétroaction aux pairs sans que ça devienne une surcharge dans leur pratique quotidienne. L’enseignante leur explique qu’elle fait des choix au profit de la rétroaction par les pairs, ce qui peut permettre d’ailleurs un climat de classe plus agréable. Il ne s’agit donc pas de se surcharger, mais bien de faire ses propres choix pédagogiques et d’opter pour les solutions qui facilitent le quotidien.

De son côté, Delphine Tremblay-Gagnon questionne Cynthia Prévost dans le but de confirmer les liens entre les éléments concernant la rétroaction de la littérature scientifique et ceux de la pratique. Elle relance la conversation en s’informant de la finalité de la rétroaction pour Cynthia Prévost : la rétroaction est-elle formative ou évaluative? Cette dernière lui répond qu’elle utilise quelquefois la rétroaction par les pairs à une fin évaluative, mais que, la plupart du temps, la rétroaction a plutôt une fin formative, permettant ainsi aux élèves de s’ajuster en cours de projet. Delphine Tremblay-Gagnon discute ensuite avec Cynthia Prévost des dynamiques d’interaction associées à la rétroaction par les pairs.

Cet échange a permis de proposer divers points permettant d’améliorer les fiches de l’élève et de l’enseignant·e proposés lors de ce panel. Parmi ceux-ci, notons celui de Cynthia Prévost qui propose d’être plus précis concernant la fiche de l’élève donneur·euse de rétroaction. La fiche indique que les commentaires doivent être constructifs et bienveillants, mais l’enseignante répète qu’il est nécessaire de modéliser les formulations à utiliser et réitère sa suggestion d’utiliser le « Je remarque que + fait observable ». Elle propose aussi de créer des fiches « outils » qui accompagneraient les présentes fiches afin de permettre aux enseignant·es d’avoir des documents clé en main pour se lancer dans la rétroaction par les pairs. Mme Linda St-Pierre ajoute qu’il serait aussi pertinent de créer des fiches pour la rétroaction selon le niveau d’expérience de l’enseignant·e concerné·e : débutant, intermédiaire ou avancé.

Alors que la version complète de la présentation est accessible uniquement aux membres, voici la bande-annonce de ce panel :