4e série des Panels en réseau sur les inégalités/iniquités éducatives au temps de la Covid-19 : la rétroaction par les pairs, un effort collectif?


Le quatrième panel de la quatrième série des Panels en réseau, qui a eu lieu le 28 avril 2022, a marqué une évolution progressive de ceux-ci vers des rencontres de codesign (RenCod). Les participant·es se sont concentré·es sur la rétroaction par les pairs, plus particulièrement pour discuter des manières d’aider les élèves à pratiquer la rétroaction, à rendre cette pratique une réalité du quotidien scolaire. Les panélistes étaient Linda St-Pierre (CTREQ), Marie-Claude Nicole (École en réseau), Michel Perreault (École en réseau), Vincent Gagnon (École en réseau), Félix Filiatreault (Diplôme avant la médaille, DAM), Audrey Raynault d’ULaval, Alain Fortier d’ULaval et Denis Savard (CRIRES). Thérèse Laferrière, chercheure principale du réseau Périscope, a guidé cette rencontre.

Toujours dans la même visée que les plus récents panels, ce 4e panel examine des façons de composer avec les iniquités d’apprentissage exacerbées par la Covid-19 et ses variants, dont le tutorat par les pairs et plus spécifiquement encore maintenant la rétroaction par les pairs chez les élèves. Les panélistes invité·es ont ainsi partagé leur avis afin de déterminer les éléments auxquels il faudrait s’attarder pour permettre non seulement à cette rétroaction de se pratiquer chez les élèves, mais également d’assurer la pertinence, la faisabilité et la pérennité de cette solution.

Du côté de l’École en réseau, un partage des projets de tutorat en cours ou en développement a été offert. D’une part, Michel Perreault discute du projet Mini techs dont il est responsable. Ce projet permet la formation de brigades composées de jeunes du primaire qui ont pour mission d’offrir de l’aide et du soutien pour tout ce qui a trait à l’équipement et aux outils numériques. M. Perreault indique que, pour assurer la pérennité de ce projet, il faut s’assurer que les brigades forment les prochaines brigades qui vont les remplacer en plus de s’assurer d’avoir un minimum de deux adultes responsables du projet par école. D’autre part, Marie-Claude Nicole explique le projet Carrefour d’apprentissage. Il s’agit d’un endroit à l’école qui est dédié au tutorat pour les élèves. L’idée est d’également faire suite au projet Mini tech et de former des brigades qui pourront offrir leurs services au carrefour d’apprentissage. Toutefois, elle précise qu’il est nécessaire qu’un adulte joue le rôle d’accompagnateur auprès des pairs aidants. Audrey Raynault ajoute à ce propos qu’il est alors nécessaire de redéfinir la bibliothèque afin qu’elle ne soit plus perçue comme un lieu de travail individuel, mais bien comme un endroit propice au travail d’équipe. Dans le même ordre d’idées, Mme Nicole partage le désir de l’organisation de proposer un forum de discussion, tel que leKknowledge Forum, mais qui serait entièrement oral. Ce forum de discussion a également pour but de structurer les échanges entre les élèves.

Pour ce qui est des pistes de solutions et de réflexions pour implanter efficacement le tutorat par les pairs et la pratique de rétroaction, les panélistes proposent plusieurs éléments. À plusieurs moments du panel, Linda St-Pierre partage ses questionnements par rapport à l’implantation des nouvelles pratiques et alimente ainsi la discussion. Vincent Gagnon, également en lien avec École en réseau, propose de créer des écosystèmes propices à la pratique du tutorat et de la rétroaction des pairs en plus d’être adaptés aux élèves afin que ces derniers et ces dernières s’approprient les codes, les manières de faire du tutorat et de la rétroaction. De son côté, Félix Filiatreault (DAM) souligne également l’importance de l’encadrement du pair aidant afin de l’outiller et de lui permettre de se sentir compétent·e dans son rôle. Comme proposition, il soumet l’idée de faire des projets pilotes dans les écoles avant de tenter de proposer ces changements au niveau du centre de services scolaire. Pour Alain Fortier, par son expérience de l’administration scolaire, il y a nécessité de faire en sorte qu’il y ait percolation des pratiques entre les différents services, notamment le service des ressources éducatives. Son expérience de formateur d’enseignants, elle, lui fait souhaiter que la rétroaction par les élèves soit davantage plurielle. Marie-Claude indique qu’il est également nécessaire, à son avis, de faire vivre la coélaboration aux stagiaires en enseignement pour qu’ils et elles puissent mieux la comprendre et ensuite l’enseigner. Elle souligne aussi qu’il serait important de bien informer les enseignant·es pour qu’ils et elles puissent travailler au-delà des simples échanges afin de planifier en ce sens (rétroaction des élèves), composer des activités collaboratives, etc. Denis Savard propose l’idée d’offrir des formations lors des journées pédagogiques pour favoriser la percolation des pratiques entre les différentes écoles. En effet, selon lui, il est nécessaire de changer plus que les pratiques : il faut changer aussi les mentalités en passant d’un mode individuel à un mode collectif, collaboratif, responsabilisant. Quant à elle, Audrey Raynault partage sa vision de chercher les pratiques à adopter en s’intéressant d’abord aux élèves et aux enseignant·es pour ensuite « monter » vers les structures administratives plus haut dans la hiérarchie.

Les panélistes discutent également des inquiétudes qu’ils et elles ont par rapport à la mise en place de pratiques pour favoriser la rétroaction chez les élèves. Pour Linda St-Pierre, une préoccupation subsiste quant à l’évaluation, car cette dernière peut autant être un levier de changement qu’un frein. De son côté, Alain rappelle que plus le centre de services scolaire dans lequel les changements sont proposés est grand, plus il est difficile de démarrer le projet. Félix Filiatreault indique pour sa part que l’aide par les pairs n’est pas une solution adéquate pour tous et toutes. Selon lui, pour que l’aide soit efficace, il faut que le jeune qui reçoit de l’aide ait un certain niveau de motivation, un certain niveau d’organisation, qu’il ou elle sache pourquoi il ou elle se fait aider et qu’il ou elle sache les notions pour lesquelles il ou elle a besoin d’aide. Il ajoute comme autre inquiétude les changements de directions que peuvent vivre les écoles, changements qui peuvent nuire à la poursuite du projet.

Alors que la version complète de la présentation est accessible uniquement aux membres, voici la bande-annonce de ce panel :