Panels en réseau_Série 3 : Participation au temps de la Covid-19 - Peiner à se projeter au-delà de 2020-2021


Le 1er avril 2021 s’est déroulée la quatrième séance de la troisième série des Panels en réseau de PÉRISCOPE lequel portait sur Peiner à se projeter au-delà de 2020-2021 en lien avec la thématique générale des inégalités et des iniquités scolaires au temps de la Covid-19. Marie-France Boulay (doctorante), Bardo de Jesus Rangel Mendez (doctorant), Caroline Marion (postdoctorante) et Simon Viviers (professeur-chercheur) et d’autres invité·e·s en discutent. 

Il semble plus difficile pour des jeunes de conjuguer avec la Covid-19, car leur expérience plus courte leur donne moins de référents à quoi s’attacher pour s’adapter et pour contrer l’incertitude, la peur et le délaissement. C’est dire qu’ils et elles peinent à se projeter dans l’avenir et cherchent entre autres à socialiser comme avant. Ils et elles font toutefois preuve d’agentivité. Leur souffrance peut même les amener à se mobiliser et à agir sur le monde. Développer seul·e sa capacité à se projeter est donc impossible. 

La difficulté à se projeter s’empire également si l’on reconnait l’incertitude qu’accompagnent non seulement la pandémie, mais également l’écartement de rites de passage (p.ex. examen ministériel, bal des finissants, rentrée collégiale), la transformation constante du secteur de l'emploi (incluant la popularisation du télétravail), la crise climatique, la surabondance d'informations et l’accélération des activités de production. Ce contexte tend à renforcer un sentiment d’impuissance qui effrite l’agentivité d’une personne face à la situation ainsi que sa capacité à se projeter au-delà de 2021.

Plusieurs dispositions peuvent d’ailleurs expliquer l’incapacité d’une personne à se projeter: (1) percevoir l’impossibilité d’un retour à la normalité, (2) ne pas désirer un retour en arrière étant donné un nouveau confort ressenti, ainsi que (3) perdre de multiple repères quant à ce qu’est sa vie et son quotidien.

Plusieurs pistes prometteuses existent pour compenser la difficulté à se projeter. Une première piste pourrait miser sur une décentration de l’écran, du moins parfois, et où l’on accorde une place plus importante au corporel et au sensible dans l'environnement physique et social de sorte à rejoindre chaque personne de manière bien distincte. Les relations sociales et la reconnaissance d'autrui sont d’autant plus importantes chez ceux et celles qui construisent leur identité. L’espace de socialisation agrandi favorise davantage la découverte de soi par la connexion aux autres. Pour l’instant, les outils technologiques, qui semblent réduire les échanges, aident à pallier à la distanciation qu'imposent les mesures sanitaires, à repenser la gestion d’horaire en réduisant des déplacements couteux et favorisent une nouvelle forme de proximité sociale – encore fragmentaire et qui diminue les occasions de vivre d’heureuses rencontres hasardeuses. 

En dehors d’une valorisation de l’espace partagé, une autre stratégie pour compenser la difficulté à se projeter serait d’encourager les personnes, notamment les jeunes, à différer la gratification de leurs actions posées, à développer des compétences transversales, à cultiver un growth mindset, à se diriger vers un champ d’intérêt où se trouvent des opportunités. Cette tâche n’incombe pas seulement à chaque individu, mais également aux instances décisionnelles qui mettent en place des structures qui font le pont entre le monde individuel et social pour faciliter la participation en ces temps difficiles.

Alors que la version complète de la présentation est accessible uniquement aux membres, voici la bande-annonce de ce panel: