Le 26 novembre 2020 a eu lieu la sixième séance de la deuxième série des Panels en réseau sur les inégalités/iniquités éducatives au temps de la Covid-19. Les panélistes invité·e·s Abdoulaye Anne (chercheur, Université́ Laval), Jean Bernatchez (chercheur, UQAR), Laurie Couture (enseignante et rédactrice pour École branchée), Véronique Hivon (Députée de la circonscription de Joliette et porte-parole du PQ en matière Éducation, de Famille, de Justice et de Relations Québec-Canada) et Carl Ouellet (président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles) ont parlé de leadership, membership et scholarship. Plus précisément, ils et elles ont dialogué sur la prise de décision en mode partagé devant l’incertitude: ses exigences et ses bénéfices.
Résumé
Le leadership est un enjeu étudié sous ses différentes formes pour maximiser ses retombées dans la formation relative à la prise de décision. Parmi elles, on retrouve des styles émergents comme le leadership créatif, éthique, mobilisateur ou collaboratif. Le style autoritaire qui favorise une uniformisation des mesures est moins propice pour répondre aux différents défis de l’éducation, lesquels s’avèrent fort complexes d’autant plus sensibles aux différents contextes et davantage reconnus par de « nouveaux » acteur·e·s ayant leurs propres exigences en matière de réussite éducative.
À l’inverse, le leadership mobilisateur s’annonce prometteur, parce qu’il inspire les membres à s’engager, à prendre part au processus décisionnel de façon à ce que les mesures adoptées s’harmonisent avec le milieu. Certes, ce rôle est exigeant et demande d’être attentif aux autres (personnes, comités, tables des partenaires). Une telle écoute se montre d’autant plus cruciale avec la pandémie. L’écoute et la collaboration sont des clés dans la prise de décision partagée favorisant la réussite scolaire.
De même, en classe, le leadership moral de l’enseignant·e rappelle que les élèves sont avant tout des êtres humains d’une part, et que les décisions prises doivent être réfléchies d’autre part, car elles affectent le développement des jeunes. Ce retour à l’essentiel passe par un examen du programme en équipe de manière à mieux cerner, ensemble, les éléments incontournables de la formation. Miser aussi sur la co-éducation aiderait à retrouver de l’humain dans l’éducation, notamment si l’on a recours à la communication positive et si l’on fait vivre des réussites aux élèves malgré les difficultés actuelles.
Par ailleurs, la pandémie donne une occasion de renouveler l’exercice du leadership dans la prise de décision politique (citoyenne, scolaire, gouvernementale). Accroitre l’écoute des partenaires du milieu et miser sur l’originalité des réflexions, faire preuve d’humilité et travailler en collégialité seraient des balises pour prendre de meilleures décisions. De plus, les multiples décisions prises récemment produisent un effet instantané sur le plan sanitaire et pédagogique que l’on ressent aussitôt. Par conséquent, la situation actuelle correspond à un moment charnière où la grande réactivité de chacun·e dans les discussions publiques peut contribuer à leur implication citoyenne (p.ex. en faisant part de ses préoccupations et suggestions), ce qui pourrait exercer une plus grande pression sur les décideurs politiques pour se réajuster au besoin. La substitution du congé des fêtes prolongé par la mise en place d’une école virtuelle illustre bien les effets d’une telle mobilisation citoyenne ainsi que de l’écoute, de l’humilité et du travail en collégialité des décideur·e·s politiques.
Sinon, la prise de décision partagée devant l’incertitude repose d’abord sur un processus qui est fondé sur l'analyse d'une situation et des options possibles pour conduire à un choix. Le mode partagé implique ensuite l’idée d’un dialogue dont le déroulement conduit à un choix unanime (ou, du moins, majoritaire). Enfin, l’incertitude rappelle qu’on vit dans un monde complexe. Conformément à une récente étude auprès de 15 directions d’école, la prise de décision partagée devant l’incertitude se rapproche du type de leader créatif, à savoir celui ou celle qui consulte régulièrement son équipe-école et la rend imputable des décisions prises, qui profite des zones grises pour exercer son leadership et qui prend ses décisions selon l’intérêt supérieur de la réussite et du bien-être des élèves.
Bien que la flexibilité et l’autonomie dans la prise de décision aident à répondre à l’urgence des défis éducatifs, elle ne doit pas faire l’économie de certains publics au prix de négliger des groupes plus vulnérables. C’est pourquoi la flexibilité, la confiance (en soi et envers autrui), la prise de risque, l’humilité (reconnaitre l’erreur), la proximité et la collaboration doivent être au cœur de la gouvernance scolaire, laquelle mise avant tout sur la réussite éducative. Bref, revenir à l’essentiel, lequel se définit collectivement par le dialogue avec l’autre et par l’engagement dans sa communauté.
Alors que la version complète de la présentation est accessible uniquement aux membres, voici la bande-annonce de ce panel: