Le 19 novembre 2020 a eu lieu la cinquième séance de la deuxième série des Panels en réseau sur les inégalités/iniquités éducatives au temps de la Covid-19. Les panélistes invitées étaient Caroline Duranleau (étudiante de 2e cycle, UQTR), Caroline Marion (chercheure en éducation-psychologie, Université Laval), Elodie Marion (chercheure, UdeM), Mégan Poulin (étudiante au secondaire engagée dans la Fondation Monique-Fitz-Back), et Clara (élève de madame Karine). Elles se sont questionnées sur le thème de la sécurité, fatigue et bien-être socio-émotionnel. Comment ne pas négliger les apprentissages socio-émotionnels en temps de distanciation physique?
Résumé
D’emblée, le sentiment de sécurité chez les jeunes est compromis à force de voir des gens masqués, de vivre de l’isolement ainsi que d’être soumis à des restrictions et des interdictions.
De plus, l’école privilégie l’instruction. Celle-ci demande aussi une disponibilité cognitive et socio-émotionnelle. Toutefois, l’éducation socio-émotionnelle n’est pas optimale. C’est dire que nombre d’enseignant·e·s tendent à revenir à un rôle plus traditionnel pour maintenir un même rythme, voire pour rattraper le « retard du printemps 2020 ». Mais la socialisation est capitale. Alors, comment davantage considérer la dimension socio-émotionnelle? Celle-ci se trouve au cœur de la construction identitaire de chacun·e. Il faut donc prendre le temps de revoir ses pratiques et d’être attentif à son entourage – sans quoi c’est l’appauvrissement des relations sociales.
En plus de leur gestion imparfaite de la distance sociale (mais néanmoins raisonnables), les mesures sanitaires n’aident pas à socialiser. C’est pourquoi Megan s’implique dans un projet écologique à distance. Ainsi, elle participe dans d’autres espaces par le Web. De plus, elle conçoit que la solitude n’est pas forcément une mauvaise chose. Pour sa part, Clara s’ennuie de ses ami·e·s et trouve l’école à la maison plus ennuyeuse. À l’école, la jeune élève respecte les consignes sanitaires : elle attend que son enseignante porte son masque avant de l’approcher et vit moins d’interactions proches avec ses ami·e·s. Elle les appelle donc sur Messenger Kids. Néanmoins, Clara a l’impression de moins apprendre à distance, parce qu’interagir avec quelqu’un en vrai est plus riche qu’à distance. D’ailleurs, elle sollicite peu son enseignante lorsque cette dernière est à distance et cela même si celle-ci se montre disponible.
Or, il importe de connaitre et de reconnaitre les compétences socio-émotionnelles (p.ex. l’empathie, la pensée critique, l’écoute attentive), notamment dans le milieu scolaire. L’enseignant·e véhicule ces compétences chez ses élèves. Il ou elle doit donc les connaitre et être habité·e par celles-ci. Cependant, il est très difficile de les cultiver dans une situation où l’on est toujours dans l’action et la réaction ou, pire, lorsque son bien-être est malmené. À l’inverse, prendre le temps et favoriser les interactions (p.ex. en instaurant des routines en classe, des activités ludiques ou des moments de détente) contribueraient à développer les compétences socio-émotionnelles. Bref, créer de la proximité dans la distance.
Alors que la version complète de la présentation est accessible uniquement aux membres,
voici la bande-annonce de ce panel: