Le 22 juin 2020 s’est déroulé le troisième des Panels en réseau portant sur les inégalités/iniquités de participation au temps de la Covid-19, croissantes ou émergentes, notamment quant aux décisions prises au Québec pour assurer la continuité de l’éducation formelle. Le groupe s’intéressait à la relation école-famille. Ce sont la professeure Catherine Dumoulin (UQAC), l’enseignante à la maternelle Mélanie Caron (École des Petits-Explorateurs), Marie-France Boulay (parent) et la professeure Nadia Rousseau (UQTR) qui présentent d’abord leurs points de vue.
En premier lieu, Mme Dumoulin propose de considérer les résultats de recherche sur la relation école-famille pour prédire les inégalités causées par la Covid-19 chez des populations plus à risque. D’une part, les parents d’élève(s) ayant des difficultés d’apprentissage risquent de vivre plus d’inégalités en raison du manque de services de soutien offerts et du manque de communication, du moins à certains moments. D’autre part, bien que les familles plus défavorisées aient généralement accès à un ordinateur, l’usage qu’elles en font – réseaux sociaux et divertissements – répond moins aux besoins d’apprentissage des programmes scolaires.
En deuxième lieu, Mme Caron, qui travaille dans une école alternative, soulève d’emblée que les parents sont déjà d’ordinaire très impliqués dans l’éducation de leurs enfants. Elle soumet que c’est notamment le lien enseignant-parent qui a été la clé de la réussite. Dès la première semaine, tous les enseignant·e·s ont rencontré les parents en ligne afin de discuter et de mieux comprendre les besoins des parents de sorte à aménager un horaire d'enseignement qui convenait. De plus, tous les enseignant·e·s de l’école devaient utiliser les mêmes outils numériques afin de simplifier le soutien scolaire des parents à distance. Pour sa part, Mme Caron coopérait étroitement avec les parents de ses élèves. Tout compte fait, elle remarque à quel point un élève peut progresser dans ses apprentissages lorsque ses parents sont bien outillés et bien encadrés. En effet, la collaboration école-famille contribue à la réussite de l’élève, notamment si elle fait preuve d’ouverture, de flexibilité, d’empathie tout en demeurant bien organisée.
En troisième lieu, Mme Boulay nomme des difficultés que les parents ont pu vivre alors que leurs enfants faisaient l’école à la maison. D’abord, elle fait part de son impression que son rôle parental sur le plan du soutien scolaire était à redéfinir. En plus d’avoir leurs propres engagements professionnels, elle et son conjoint devaient aussi accompagner, motiver, expliquer, orienter, discipliner leurs enfants, ce qui peut conduire à des tensions entre ces différents rôles. Elle fait remarquer que beaucoup de jeunes – surtout au secondaire – étaient privés d’une source indéniable de motivation scolaire, soit leur entourage et leurs ami·e·s. À plus forte raison, Mme Boulay a tenu à préciser que, tant pour les élèves, leurs parents et le personnel enseignant, la disparité des messages reçus de la part des différentes instances au sujet de la reprise des cours, de la diplomation, de l’obligation de réaliser ou non les activités envoyées, etc., a contribué à créer davantage de confusion quant à ce qui devait réellement se faire à la maison. En somme, l’incertitude demeure chez les élèves et leurs parents, et de nombreux défis attendent encore.
En quatrième lieu, Mme Rousseau identifie un concept qui lie les précédentes présentations: l’engagement. Une personne s’engage, car elle désire apprendre, pour développer ses liens sociaux, en vue d’obtenir un diplôme (une accréditation), afin d’être membre d’une communauté, etc. Or, l’engagement aide à la persévérance et à la réussite scolaires, puisqu’il vient altérer l’expérience éducative soit comme élève, parent ou enseignant·e. Certes, la situation actuelle cause des difficultés chez les élèves et affecte les iniquités. Cependant, Mme Rousseau propose de nuancer en fonction du type de difficulté et du contexte dans lequel vit l’élève (les outils à la disposition d’une famille, la débrouillardise du jeune, la présence de ressources communautaires, le soutien d’un·e enseignant·e).
Voici quelques points saillants repérés lors de la discussion:
Tout compte fait, écouter les jeunes ainsi qu'avoir un cadre clair et cohérent pour tous est de mise. Pour accéder à la vidéo, suivre ce lien.
Rédaction : Pier-Luc Jolicoeur et alexandra-marcela.espin-espinoza.1@ulaval.ca